Jan 27, 2022

Le PPA au cœur de nos pratiques professionnelles

Le Projet Personnalisé d’Accompagnement ou PPA est un outil indispensable, une véritable feuille de route pour chaque acteur, détaillant la mise en œuvre d’un accompagnement fondé sur les besoins et attentes des personnes. Educateur spécialisé sur le territoire Grand Sud-Ouest, Frédéric Marco ayant exercé différentes missions dans des établissements et services de l’Aide Sociale à l’Enfance intègre en 2001 la Fédération des APAJH. Aujourd’hui en fonction dans d’un foyer d’hébergement, il partage avec nous son expérience terrain de plus de 25 ans et son regard sur le PPA.

Pouvez-vous expliquer ce qu’est le PPA en quelques mots ?

D’abord, il faut rappeler qu’il y a 20 ans, la loi du 2 janvier 2002 plaçait la personne au cœur des dispositifs par l’instauration d’un accompagnement individualisé, répondant à ses besoins, assurant ses droits fondamentaux, mais également instaurait, pour les différents acteurs du secteur, la notion de devoir de protection. Les droits et libertés individuelles étant garantis, le PPA en devient la traduction concrète et formalisée. C’est la pierre angulaire, la clé de voute de l’accompagnement. C’est un outil opérationnel de planification et de coordination des prestations et des ressources internes et externes qui visent à répondre, dans une temporalité définie, aux attentes exprimées par la personne et aux besoins identifiés par les professionnels.

J’insiste sur ce point, le PPA n’est pas une fin en soi. C’est un moyen pour la personne d’atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée à un moment précis de son parcours de vie. Il convient donc d’avoir une approche plus constructive et concevoir cet outil comme un processus vivant et continu, évolutif et interactif qui va nécessairement, à différents degrés, influencer ou orienter le vécu de la personne. A minima, il est évalué annuellement mais selon les dispositions prises par le service en responsabilité et selon le profil des personnes accompagnées, des points d’étapes peuvent être programmés afin de mesurer l’atteinte des objectifs. Attendu que rien n’est figé, les modalités d’application méthodiquement appréciées seront maintenues, renforcées ou réajustées. Je précise que si un objectif est atteint, il peut tout aussi bien ne pas l’être ou partiellement accompli. Il est alors reconduit ou abandonné en fonction de l’évolution de la situation.

Sur le territoire, quelle méthodologie utilisez-vous pour le construire ?

Il se construit sur la base de paramètres et de contraintes propres à chaque établissement ou service. Ils tiennent compte des capacités de chaque personne à pouvoir exprimer ses attentes et s’appuient sur des grilles d’évaluation codifiées des besoins repérés.

Depuis sa mise en place en 2003, la formule n’a cessé d’évoluer, pour répondre aux exigences règlementaires et aux réalités de terrain s’appuyant sur les RBPP et sur les différents rapports d’évaluations.

Le PPA est un enchaînement de séquences déterminées dans un ordre immuable. Seules leurs modalités de mise en œuvre pourront différer selon la procédure que l’établissement ou le service a décidé d’adopter, toujours dans l’intérêt supérieur de la personne. Un principe fondamental : la participation active de ce dernier est nécessaire à chacune des étapes constitutives du projet. Nous parlons volontiers de codécision, de co-construction. C’est en l’espèce un partage de la décision entre les intervenants. Le but est de parvenir à un accord, à une résolution commune sur les objectifs poursuivis et les moyens à mobiliser. Il n’y aura de projet possible que dans le cadre d’un accord passé avec la personne et/ou son représentant légal.

Il y a donc une succession d’étapes :

  1. Le recueil des souhaits et attentes avec participation de la famille et des proches à la demande de la personne (adulte autonome).
  2. L’évaluation des besoins prioritaires, de manière concertés, avec la personne et les professionnels
  3. Co-construction du PPA avec les différentes parties prenantes (moyens, pilotage, échéances)
  4. Mise en œuvre et suivi du PPA (bilans intermédiaires avec réajustement si nécessaire)
  5. L’évaluation en vue de procéder à la réactualisation du PPA.

Quelles évolutions avez-vous observées depuis 25 ans par rapport au PPA ?

J’ai vu le métier vraiment se transformer ! Quand j’ai commencé, le secteur s’administrait sous l’influence des lois du 30 juin 1975. Un modèle que l’on pourrait qualifier de « normatif », où la personne devait se conformer au format de prise en charge qui lui était proposé en vue de se réadapter à une société dont elle s’écartait. Aujourd’hui, tout a heureusement évolué nous invitant à valoriser la personne au regard de ses potentialités et du rôle social qu’elle peut jouer au sein d’une communauté. Ce changement de paradigme conduit à nous inscrire dans une logique d’accompagnement se tournant résolument vers l’inclusion sociale où l’autodétermination devient un facteur majeur d’émancipation de la personne.

Ces changements ont impacté les comportements et les pratiques professionnelles. A l’époque, plus par habitude que par réelle volonté d’assoir un rapport de pouvoir, nous adoptions des postures de « sachants et d’apprenants ». On « savait » à la place de la personne et on « apprenait » à la personne. Il ne s’agit plus désormais de savoir sur, ou pour elle, mais de savoir avec elle. Car comme le recommande l’HAS, notre objectif commun est de construire « les bases d’une alliance dynamique » favorisant le partage et l’échange. Le PPA en fait chaque jour la démonstration.

Vous êtes également depuis début janvier « Référent DUI » (Dossier Usager Informatisé). Pouvez-vous nous en dire plus sur cet outil et ses liens avec le PPA ?

La mise en place d’un dossier unique de l’usager est une injonction des pouvoirs publics. Mais c’est surtout une belle occasion pour s’interroger et faire évoluer notre offre d’accompagnement. Car en utilisant des ressources informatiques pour centraliser tous les éléments du dossier de la personne, donner de la cohérence et de la souplesse à son parcours, aux modalités qui le caractérisent, cela va nous permettre de nous inscrire en droite ligne de cette démarche perpétuelle, mais nécessaire, d’amélioration du service rendu.

Relier et rendre bien lisibles les prestations réalisées en rapport avec les PPA, améliorer la traçabilité, la transmission et le partage des informations, garantir une parfaite protection des données, cela pour apporter aux professionnels un outil utile à leurs actions… Et j’en passe ! C’est un projet passionnant et je suis ravi de collaborer à sa mise en place. Nous aurons tous quelques ajustements, apprentissages, phases d’appropriation à prévoir. Il faudra aussi que les professionnels aient du temps dédié à la pratique de cet outil, que l’on sait, forcément, perfectible. Mais avec le concours et la bonne volonté de tous, nous aurons les moyens de progresser et d’avancer dans le bon sens, pour et avec les personnes à qui nous dédions nos vies professionnelles.

Vous avez des questions sur le DUI, Benjamin Silvagni et Sébastien Bouteiller sont à votre disposition : b.silvagni@apajh.asso.fr et s.bouteiller@apajh.Asso.Fr

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