Juin 27, 2017

D’une mosaïque d’établissements à une logique de plateformes de services

En bref : L’organisation du territoire Grand Sud-Ouest a évolué d’une logique de mosaïque d’établissements à une logique de plateformes Cette organisation en plateformes favorise l’ouverture sur l’extérieur Elle permet de proposer un accompagnement sur-mesure qui réponde aux besoins et attentes des personnes Le parcours de la personne doit répondre à ses souhaits, ses attentes, […]

En bref :

  • L’organisation du territoire Grand Sud-Ouest a évolué d’une logique de mosaïque d’établissements à une logique de plateformes
  • Cette organisation en plateformes favorise l’ouverture sur l’extérieur
  • Elle permet de proposer un accompagnement sur-mesure qui réponde aux besoins et attentes des personnes

Le parcours de la personne doit répondre à ses souhaits, ses attentes, ses besoins ; les accompagnements proposés doivent être ajustés, personnalisés et garantir la continuité du parcours. Pour favoriser cette approche, le territoire APAJH Grand Sud-Ouest a évolué d’une logique de mosaïque d’établissements à celle d’un dispositif ouvert, s’articulant de façon coordonnée en plateformes thématiques. Hervé Bonnin et Stéphane Gros, directeurs au sein du territoire Grand Sud-Ouest, échangent sur cette nouvelle organisation.

Organisation en complexes et organisation de plateformes, quelles caractéristiques, quelles différences?

Hervé Bonnin, directeur des établissements du Gers et de l’EHPAD de Morlaas

Hervé Bonnin : Les deux font référence à un ensemble d’établissements. Mais la notion de plateforme introduit l’idée d’une homogénéité ou d’une cohérence dans la catégorie de population et dans le type de services proposés alors que le complexe d’établissements répond en général à une simple logique géographique.

Dans une organisation en complexes, les personnes en situation de handicap trouvent une certaine catégorie de services mais aucun établissement ne peut prétendre répondre de manière satisfaisante et exhaustive à toutes les demandes (sociales, médicales, culturelles, professionnelles, etc.). C’est vraiment l’idée de rassembler pour une population donnée un maximum de services auxquels les personnes peuvent prétendre et dont elles ont besoin.

La plateforme permet de dépasser les limites de « l’institution » pour aller chercher à l’extérieur les ressources utiles. Dans le cadre d’une plateforme de services, on s’appuie plus sur l’extérieur. La plateforme  oblige à travailler en réseau et à s’inscrire dans une logique de coordination, de partenariat.

Stéphane Gros : Comme dans tout établissement, organisé sous forme de complexe, de pôle ou de plateforme, chaque collaborateur se positionne au service de la personne accompagnée, à l’écoute de ses choix. Une plateforme est un « bouquet de services » : des services sont proposés par les établissements de la Fédération APAJH et aussi repérés chez d’autres acteurs parce que proposant une offre plus pertinente. La plateforme créée à Lavaur, « En Roudil », est le regroupement de services autour d’une population « Adultes Autonomes » du bassin de Lavaur dans le Tarn. La richesse de la plateforme s’exprime par l’étendue et la diversité des réponses co-construites entre personnes accompagnées, proches-aidants et professionnels. Notre mission est de permettre aux personnes accompagnées de faire des choix éclairés pour un parcours de vie dynamique mené de façon méthodique dans la meilleure sérénité possible (par anticipation ou par adaptation).

 « L’idée de plateforme permet de dépasser les limites de « l’institution » pour aller chercher à l’extérieur les ressources utiles »

Hervé Bonnin : La plateforme de services est une vision politique et éthique de l’APAJH qui veut que les établissements ne fonctionnent pas renfermés sur eux-mêmes, parfois plus occupés par leur fonctionnement et leur développement, oubliant alors qu’ils n’existent que pour rendre un service à la personne en situation de handicap.

Pour bien rendre ce service, la première étape c’est de savoir ce dont elles ont envie. On a cette volonté éthique de rendre le service dont la personne a véritablement envie et besoin.

Quels craintes ont exprimé les professionnels par rapport à cette nouvelle organisation ?

Stéphane Gros, directeur de la Plateforme Adultes Autonomes du bassin de Lavaur

Stéphane Gros : Les questionnements sont à la fois en lien avec la nouvelle organisation et aussi avec les orientations du projet politique APAJH : la nouvelle gouvernance territoriale notamment suite à un changement d’employeur pour de nombreux salariés, l’équilibre dans les échanges entre choix de vie des personnes accompagnées et expertise de l’équipe éducative, la recherche de complémentarité pragmatique entre les prestations proposées par l’établissement et celles à trouver au sein du bassin de vie.

Notre ambition est de passer d’une logique d’établissements à une logique de plateformes. Nous débuterons prochainement la ré-écriture d’un projet non plus d’établissement mais de plateforme. Ce travail sera une belle opportunité d’affiner les missions des établissements.

Hervé Bonnin : Les craintes exprimées par les professionnels étaient « qui va faire quoi ? Quelles vont être les lignes hiérarchiques, y aura-t-il des déplacements ? ». Le message a été clair dès le début : personne ne sera déplacé autoritairement. Cet engagement de la Direction générale a été relayé sur les sites et a beaucoup rassuré les professionnels. Et cela a été vrai pour tout le monde. Rien n’a été imposé, les mutations volontaires ont créé un « jeu de chaises musicales » bénéfique et dynamique.

« Il faut toujours garder en tête que la finalité, c’est de proposer à la personne accompagnée des services cousus-main. C’est le sens de notre action, ce qui nous rapproche ».

Comment susciter l’adhésion des professionnels du territoire à cette nouvelle organisation ?

 Stéphane Gros : Susciter l’adhésion des personnes passe par le management des professionnels et des personnes accompagnées, par le sens donné aux orientations stratégiques, par la plus-value générée par les changements, par la lisibilité de nos actions et par la mise en valeur des résultats obtenus. Nous travaillons dans une logique d’échange avec les personnes accueillies lors des processus de projets personnalisés d’accompagnement. Nous communiquons en interne et en externe autant que possible les évolutions du secteur médico-social et des politiques publiques. Nous favorisons la contractualisation et le conventionnement avec les partenaires extérieurs pour montrer que le service est pleinement ouvert. Il nous est propice d’être présents sur tous les aspects de la vie : la santé, le mode de vie, la vie en société, le travail, le logement, la culture, le sport, etc. Nous gardons toujours à l’esprit que la finalité est de proposer à la personne accompagnée des services « cousus-main ». C’est le sens de notre action, ce qui nous rapproche.

Hervé Bonnin : Cette organisation permet aussi de matérialiser l’idée de co-décision avec un renforcement du poids hiérarchique des fonctions supports. On est dans une affirmation des compétences : un directeur ne peut pas prétendre détenir les compétences en tout. On a des collaborateurs expérimentés et leur responsabilité a été affirmée par un pouvoir supplémentaire et des délégations hiérarchiques. Au niveau des équipes, chacun se sent ainsi plus responsabilisé et accepte mieux la présence des fonctions support comme un appui et un enrichissement et non comme une limitation de pouvoirs.

Cliquez ici pour lire le témoignage de Catherine Alram, responsable comptabilité du territoire Grand Sud-ouest

Quel rôle pour le coordonnateur de parcours ?

Stéphane Gros : En complément des professionnels de proximité de la personne accompagnée, son rôle est d’être un médiateur, un facilitateur, un aiguilleur. Il est en mesure de bonifier le projet personnalisé pour que celui-ci soit en pleine adéquation entre les choix de la personne et la réalité des possibilités. Il est capable de prévenir les besoins des différentes étapes de la vie et de ses moments charnières. Il connaît les dispositifs et les ressources. Il sait qui a accès à quoi, dans quelles conditions et à quel moment.

Il anticipe les événements pour favoriser la continuité des parcours.

Cliquez ici pour en savoir plus sur le coordonnateur de parcours et les formations proposées par le Centre de formation de l’APAJH

 

Le territoire Grand Sud-Ouest en chiffres

  • 25 établissements répartis sur 3 départements : Tarn, Gers et Pyrénées-Atlantiques
  • 1 120 personnes accompagnées
  • Environ 700 collaborateurs

 

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