En bref:
- Le droit aux vacances et aux loisirs est une composante de la citoyenneté de chacun
- Chaque année, le Service Accompagnement Loisirs de la Fédération permet à près de 1 100 personnes en situation de handicap de partir en vacances
- Frédéric Bonnet, directeur adjoint du FAM et du Foyer de vie de Lacaune (Tarn) parle de l’accompagnement mis en place dans ces établissements pour préparer les séjours
Cet été, 31 personnes accompagnées par le Foyer d’accueil médicalisé (FAM) et le Foyer de vie de Lacaune dans le Tarn sont parties en séjours vacances adaptées organisées. Interview de Frédéric Bonnet, directeur adjoint à Lacaune.
Comme chaque année, des résidents des foyers de Lacaune sont partis en séjour vacances. Comment cela s’est-il passé cette année ?
Une trentaine de résidents de Constancie part en séjours-vacances, en été puis en hiver sur les périodes de vacances scolaires. Cet été, vingt résidents du Foyer de Vie ainsi que onze personnes résidant au FAM sont parties. Leurs besoins et attentes ne sont évidemment pas les mêmes : les logiques d’animation et d’accompagnement sont donc différentes.
Sur les 11 personnes du FAM parties cet été, 9 ont l’habitude de partir en séjours vacances organisés par le service Accompagnement-Loisirs de la Fédération. Cet été, ils sont partis deux semaines à Mende. Et pour les résidents du FAM qui ne peuvent pas partir, l’équipe pluri-professionnelle adapte son accompagnement afin de proposer des activités différentes et un rythme de vie plus calme. Le contenu des journées s’en trouve ainsi modifié.
“Les motivations sont différentes pour chacun mais l’envie de rencontres, d’ouverture et celle de croiser d’autres personnes en provenance d’autres établissements ressort particulièrement. Aller à la rencontre d’autrui, c’est important.”
“Proposer des séjours-vacances communs viendrait relayer le travail d’échanges et de socialisation mené – au quotidien et tout au long de l’année – par les équipes des différents Foyers de Vie du périmètre.”
Comment choisissez-vous les lieux de vacances?
Pour les personnes accompagnées par le FAM, choisir le « point de chute » présente un enjeu en terme de proximité et de sécurité. Nous posons pour contrainte que le lieu de séjour ne soit pas à plus de 2h/2h30 de Lacaune afin qu’en cas de difficulté sur le séjour, un éducateur du Foyer puisse intervenir très rapidement, idéalement sur la journée.
Pour le Foyer de Vie, nous avions l’habitude de proposer deux lieux de séjour aux résidents qui ne souhaitaient pas – ou ne pouvaient – pas partir en famille par exemple. Mais la recherche du plein exercice de leur Citoyenneté nous amène à questionner cette pratique : désormais, nous souhaitons proposer – avec le service de la Fédération – des voyages « à la carte » et permettre ainsi à chaque résident de se positionner sur le séjour de son choix, selon ses propres critères. L’équipe pluri-professionnelle accompagne le résident dans ce cheminement, en transmettant les informations nécessaires à l’expression de son choix. L’idée est de lui permettre de répondre à la question « Cette année, je veux partir où ? » et qu’il puisse ensuite se positionner sur le séjour qui correspond à son attente.
Autre conséquence positive de ce fonctionnement : la possibilité pour les résidents du Foyer de Vie de rencontrer d’autres personnes, venant d’horizons géographiques méconnus et parfois éloignés.
Par ailleurs, la réorganisation du Territoire Grand Sud-Ouest en plateformes pourrait permettre dans un avenir proche de « travailler » encore différemment cette prestation. Proposer des séjours-vacances communs viendrait relayer le travail d’échanges et de socialisation mené – au quotidien et tout au long de l’année – par les équipes des différents Foyers de Vie du périmètre.
“Les motivations sont différentes pour chacun mais l’envie de rencontres, d’ouverture et celle de croiser d’autres personnes en provenance d’autres établissements ressort particulièrement. Aller à la rencontre d’autrui, c’est important.”
Comment préparez-vous en amont les départs ?
Un groupe de vacanciers a participé au Festiv’Allier à Langogne
Un groupe de vacanciers a participé au Festiv’allier à LangogneLes séjours vacances sont inscrits dans nos projets d’établissements. C’est devenu un rituel qui revient chaque année. La préparation est assez étroite, quasi procédurale. L’équipe pluri-professionnelle prépare un dossier pour chacun des résidents-vacanciers : dossier médical d’urgence, journée-type, notes pour les équipes d’animation des séjours, etc. Pour le FAM par exemple, l’objectif est de présenter le résident et son fonctionnement pour éviter, une fois qu’il sera en séjour, la « déstructuration » de sa journée par exemple et prévenir plus généralement toute mise en difficulté. Il faut que la personne puisse retrouver un cadre « naturel » lors de son séjour. Nous insistons également pour qu’une rencontre soit organisée en amont entre les équipes des foyers et celles des séjours vacances afin de passer en revue la situation de chaque vacancier.
Il y a un vrai travail de gestion du risque : on cadre au maximum la sécurité. Pour les personnes accompagnées par le FAM par exemple, nous faisons appel à cabinet d’infirmier libéral sur le site du séjour, pour assurer la prise en charge médicale quotidienne. Cela permet aux animateurs d’être libérés de cette contrainte et garantit un niveau de sécurité cohérent avec les besoins des résidents concernés.
Au FAM, la réussite des séjours est aussi le résultat du travail d’accompagnement mené toute l’année par l’équipe pluri-professionnelle sur les différents temps du quotidien. L’objectif est de permettre aux résidents d’évoluer dans des environnements qui ne sont plus maîtrisés comme déjeuner au restaurant par exemple, sans être mis en difficulté par l’environnement bruyant, le temps d’attente entre les plats ou l’utilisation d’un verre à pied.
Quels bienfaits pour les personnes accompagnées ?
Pour le Foyer de Vie, les motivations sont différentes pour chacun mais l’envie de rencontres, d’ouverture et celle de croiser d’autres personnes en provenance d’autres établissements ressort particulièrement. Aller à la rencontre d’autrui, c’est important.
Sur le FAM, c’est plus difficile à évaluer. C’est l’observation qui permet d’évaluer les bienfaits du séjour pour la personne. On observe évidemment des changements de comportements, comme la suspension de certaines stéréotypies. Mais plus généralement, le signe d’un séjour positif – et c’est d’ailleurs l’objectif assigné à ce dispositif – se perçoit par l’humeur du résident à son retour et son souhait de partager son expérience et ses souvenirs avec l’équipe éducative. Si le séjour s’est bien passé, le retour et les semaines suivantes se passeront bien.
