Depuis plusieurs années, des salariés du SIAM 92 (Service d’intégration des aveugles et des malvoyants) de la Fédération APAJH mènent des actions de sensibilisation sur les spécificités de l’accompagnement des personnes avec déficience visuelle. Dernière collaboration en date : une sensibilisation d’une matinée à destination des professionnels de santé de l’hôpital de Garches.
« C’est une formation que l’on anime très régulièrement pour les enseignants, les centres d’accueil multisports, ou les centres aérés également. Le but est de « démocratiser », de casser les clichés sur le handicap visuel pour que les partenaires avec lesquels nous travaillons puissent accueillir dans les meilleures conditions les jeunes que nous accompagnons », explique Claire Florentin, ergothérapeute et adaptatrice de documents au SIAM 92.
Des sensibilisations pour adapter le soin aux personnes avec déficience visuelle
A Garches, dans les Hauts-de-Seine, des professionnels de l’hôpital de jour[1] accueillent une jeune fille accompagnée par le SIAM 92 dans une démarche de rééducation fonctionnelle. « Ces professionnels sont spécialisés dans le handicap moteur et utilisent beaucoup la représentation visuelle dans leurs pratiques avec des illustrations, de l’affichage alors que nous, nous utilisons plutôt de la manipulation. C’était important de pouvoir montrer pourquoi le visuel n’était pas adapté aux jeunes du SIAM. Nous avons donc proposé une action de sensibilisation pour présenter la déficience visuelle, dans un souci de cohérence du soin et de partage de connaissances ».
Des formations entre théorie et pratique
Pendant toute une matinée, cinq professionnels de l’APAJH de l’hôpital ont formé une quinzaine de personnes dont des professionnels de l’EREA (Etablissement régional d’enseignement adapté). La formation commence par un accueil « petit-déjeuner » où chacun porte des lunettes de simulation afin de mieux appréhender ce que ressent la personne en situation de déficience visuelle. L’idée est de faire comprendre comment les contrastes jouent sur l’efficacité de gestes qui peuvent nous paraitre anodins, comme de se servir de café, et sur la sécurité de la personne.
La session est ensuite divisée en deux parties, avec 1H30 de théorie puis 1h30 de pratique sous la forme d’ateliers : déplacement sous bandeau en binôme, découverte du braille et des dessins tactiles, etc. « Nous voulions leur montrer les possibilités techniques et leurs limites pour adapter un dessin pour une personne en situation de déficience visuelle par exemple. Il s’agissait surtout de permettre aux professionnels d’aborder les outils de compensation non pas comme des aides techniques lambda mais comme de réels apprentissages à ajouter aux apprentissages que doivent faire nos jeunes dans leur quotidien au regard de leur âge. Nous avons aussi proposé un parcours moteur avec notamment le passage par des escaliers « tournants » de l’hôpital. Cela leur a permis de prendre la mesure du besoin de concentration d’attention et la fatigabilité induite des personnes ».
Après une matinée d’échange et de partage, les retours sont très bons ! « Ils ont été agréablement surpris, notamment par la partie expérimentation. C’est ce qui leur manquait. Cela a permis de les éclairer sur les difficultés visuelles et de déconstruire le cliché de la personne aveugle avec des lunettes noires et une canne. On peut être malvoyant mais lire un téléphone de près, on peut être déficient visuel mais que cela ne se voit pas, etc. ».
Une expérience à renouveler !
[1] Kinésithérapeute, psychomotricien, psychologue, ergothérapeute, orthoptiste, éducatrice, Infirmière, etc. –